mercredi 13 avril 2016

Portrait de coopérateur (6)

Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir un nouveau membre de notre groupe : Daniel !

Depuis combien de temps es-tu dans le projet ? Comment y es-tu arrivé ?

J'ai intégré le projet avec ma compagne Frédérique courant 2010. Nous étions adhérents au jardin partagé de l'Ilôt d'Amaranthe, que l'on appréciait comme lieu d'échange du quartier, même si nous ne faisions pas beaucoup de jardinage.

Nous avons participé à un projet d'écoquartier sur la Guillotière, et au sein de ce projet à une commission sur l'habitat et les coopératives d'habitants. Nous avions déjà ce thème à cœur puisque nous avions déjà participé à une réunion d'information d'Habicoop quelques temps auparavant.

C'est dans ce sous-groupe d'échange que nous avons rencontré un couple d'habitants du quartier, Florène et Guillaume, qui venaient de démarrer le projet "La Gargousse". Ils nous ont alors convié à une réunion d'information et recrutement pour ce projet...

Qu'est-ce qui t'a donné envie d'intégrer ce projet ?

Le premier élément qui nous a donné envie d'intégrer ce projet est le modèle de la coopérative d'habitants, qui était une réponse aux réflexions que nous avions sur notre choix d'habitat.

En effet, dans un contexte où l'immobilier en centre ville est en éternelle augmentation tant au niveau location qu'au niveau achat, il était difficile pour nous de s'imaginer locataire à vie. Il ne nous était pas possible non plus financièrement de devenir propriétaires en centre ville, tout au mieux à l'extérieur de Lyon avec un remboursement important, et un déplacement géographique, les deux ayant avec des conséquences importantes sur le mode de vie que l'on avait et appréciait, et le réseau relationnel que l'on s'était construit.

Le modèle de la coopérative d'habitants est venu ouvrir une voie alternative, un peu à mi-chemin entre la location et l'achat, et accessible à nos possibilités financières.

Le deuxième élément est l'attachement du projet au quartier de la Guillotière dont nous venions de découvrir à travers le jardin d'Amaranthe son foisonnement de projets et de mixité.

Enfin, nous avons trouvé bien sympathiques les initiateurs de ce projet, par la suite ce projet a été un moteur de rencontres enrichissantes.

Jusqu'à aujourd'hui, qu'est-ce qui te plaît le plus dans ce projet ?

Ce qui me plaît le plus, c'est le principe de mutualisation au cœur du projet de coopérative : réunir nos envies, nos rêves, nos compétences, nos moyens financiers pour construire notre habitat. La mutualisation sera à l’œuvre pendant toute la vie de la coopérative notamment dans l'utilisation des espaces communs, et nous la pousserons plus loin avec des équipements communs.

Il y a énormément de gâchis avec des maisons de campagne occupées une semaine par an, des logements inoccupés et d'autres surpeuplés, des outils que l'on achète une fortune pour s'en servir une seule fois, des chambres d'amis qui ne servent que deux fois par an, des voitures qui ne transportent qu'une personne etc...

La mutualisation permet d'utiliser au mieux les moyens disponibles. Tout le monde y gagne, c'est le pari de la coopérative !

Et qu'est-ce que tu trouves le plus difficile ?

Pour moi, la principale difficulté est la durée.

La mise en place d'une coopérative d'habitants est difficile du fait des tâches fastidieuses et du temps important que cela consomme. Du côté des récompenses, on apprend des tas de choses et on sent avancer un projet novateur motivant. Lorsque cela traîne en longueur, cet équilibre sacrifice / récompense est plus dur à trouver, et le maintien de l'enthousiasme sur le long terme est un vrai défi. L'investissement des personnes ne dure pas forcément aussi longtemps que la gestation d'un tel projet, et beaucoup d'initiateurs auront quitté le projet avant le terme de sa réalisation.

Bien que dans le sillage du Village vertical, nous essuyons encore beaucoup de plâtres. A mesure que les coopératives rentrent dans les mœurs, les outils se mettent en place, le cadre juridique également, les collectivité locales s'habituent à ce nouveau concept et aident à son développement. Dans quelques années, monter une coopérative prendra beaucoup moins de temps, et cette difficulté deviendra moindre.

Peux-tu nous citer 2 choses que tu n'avais pas imaginées en intégrant ce projet ?
 
Je n'avais pas imaginé que la mise en place de ce projet durerait autant de temps. Si l'on avait imaginé cette durée à l'avance, peut-être aurions-nous hésité !...

Je n'avais pas imaginé non plus devoir ingurgiter et digérer autant d'information : éléments juridiques, textes de lois, montages financiers, bâtiment et architecture etc.

Ces deux éléments ne font certainement pas rêver, mais je découvrirai dans deux ans tous les avantages de vivre dans l'immeuble le plus accueillant de la Guillotière, et des tas d'autres choses sympas que je n'imagine pas encore...